Les acteurs de l’immobilier se mobilisent pour faciliter les travaux des propriétaires visant à améliorer la performance thermique de leurs biens. Le challenge de la rénovation énergétique réside dans la multitude de freins qui entravent ces travaux de transformation. Ces obstacles rendent leur réalisation obligatoire à mesure que le calendrier législatif progresse.
De nouvelles obligations s’imposent aux propriétaires immobiliers à la suite du vote de la loi Climat et Résilience du 22 août 2021. Elles ont pour objectif de les inciter à améliorer la performance énergétique de leur bien.
De nouvelles contraintes
Depuis le 25 août dernier, les bailleurs ne peuvent ni augmenter les loyers des
logements classés F et G lors d’une relocation, ni même le réviser en cours de bail.
À compter du 1er janvier 2023, la performance énergétique fera partie des critères pour apprécier le caractère décent du logement. Ainsi, il ne sera plus possible de louer les biens immobiliers dont la consommation dépasse 450 kWh/m2/an, soit 60 à 100.000 logements classés G.
Dès 2028, l’interdiction concernera les logements classés F puis en 2034, les logements classés E.
Des freins financiers aux travaux de rénovation énergétique
Un sondage effectué par la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim) auprès de ses adhérents, en septembre 2022, révèle que seuls 32% des propriétaires concernés comptent entreprendre leur rénovation énergétique.
Environ un quart des propriétaires concernés envisagent de vendre leurs biens plutôt que de mener les travaux de rénovations énergétiques nécessaires. Sans surprise, le coût de ces travaux apparaît comme le premier frein pour neuf sondés sur dix. Même constat de la plateforme Airbnb auprès de ses propriétaires. 66 % d’entre eux déclarent ne pas rénover leur bien pour des questions financières.
Afin de compléter les aides publiques, la FNAIM conseille donc de diversifier les solutions de financement. Elle propose de créer des produits bancaires spécialement conçus pour les copropriétés ainsi qu’un produit d’épargne dédié à la rénovation. Elle suggère également que l’État accorde une garantie aux prêts rénovation destinés aux copropriétés.
De son côté Airbnb vient d’annoncer le lancement de son Plan Hébergement Durable.La plateforme a lancé un programme destiné à aider ses hôtes à rénover leur logement. Ce programme vise à réduire les émissions de carbone tout en permettant de réaliser des économies d’énergie à long terme. Une aide financière de 1 000 euros est également proposée pour soutenir ces travaux de rénovation.
D’après les chiffres de la plateforme www.seloger.fr, les ventes de logements considérés comme des passoires énergétiques ont déjà augmenté sur les douze derniers mois :
+72% à Paris, +74% à Rennes, + 43% à Lyon et Toulouse, +27% à Bordeaux et Aix-en-Provence.
A noter, un effet de bord indésirable :
Certains s’inquiètent de l’effondrement des stocks de logements disponibles à la location dès l’année prochaine. En effet, les propriétaires vendeurs n’envisagement pas nécessairement de réinvestir dans un autre bien immobilier.
Des freins spécifiques pour les copropriétés
Les deux tiers des propriétaires mettent avant la complexité des travaux énergétiques à réaliser. Près de la moitié d’entre eux s’inquiètent de la nécessité de soumettre ces travaux à la décision de l’assemblée générale de copropriété (42,7%).
La rénovation des copropriétés pose en effet des difficultés techniques particulières. Un fait d’autant plus dommageable que la rénovation du parc locatif privé, concerne pour les deux-tiers, des immeubles en copropriété en centre-ville.
Pour réussir la rénovation énergétique des copropriétés, la FNAIM propose une stratégie globale. En s’appuyant sur une contractualisation par le Plan Pluriannuel de Travaux (PPT) en copropriété de l’éradication de tous les logements très énergivores du parc collectif privé. Son adoption entrainerait automatiquement la suspension de l’interdiction de louer les logements individuels énergivores situé dans l’immeuble pendant les 10 ans du PPT.
Afin d’inciter les copropriétaires à s’engager dans un plan ambitieux de rénovation, la FNAIM propose également que le DPE collectif de l’immeuble soit rendu opposable et de valeur supérieure à un DPE individuel, ce qui permettrait d’harmoniser les différents intérêts des copropriétaires.